Quand Jean-Luc Mélanchon veut interdire la pornographie

Amis de la morale, bonjour. Après la droite populiste populaire qui est intervenue pour sauver nos pauvres âmes égarées de la menace que pose la prostitution sur la société, c'est au tour de la gauche de la gauche de vouloir nous sauver du péché immoral qu'est... la pornographie. Au-delà de l'aspect anecdodique, c'est un véritable danger pour la société qui se profile derrière cette idée.

Il y a quelques temps, lors d'une émission sur la chaine parlementaire LCP, un internaute, intervenant lors d'un débat sur la loi sur pénalisation des clients de la prostitution, avait démontré par l'absurde le bien fondé d'une telle loi en prenant exemple sur l'industrie de la pornographie qui instrumentalise les corps à des fins marchandes.

Malheureusement, sa démonstration n'est plus si absurde... Un candidat à l'élection présidentielle de 2012 compte bien s'attaquer à la pornographie sous prétexte de s'attaquer au sexisme. Un candidat cul-beni peut-être ? Un de ceux issu de la droite de la droite ?

Pas vraiment, il s'agit de Jean-Luc Mélanchon, le candidat du Front de Gauche, qui se veut être la gauche de la gauche, limite plus communiste que les communistes eux même.

Dans son programme de campagne (disponible ici) Mélanchon explique qu'il compte lutter contre le sexisme :

"Un texte de loi anti-sexiste sera élaboré, définissant moyens et sanctions, condamnant les discriminations et insultes à caractère sexiste, ainsi que la banalisation et l'omniprésence de la pornographie et l'instrumentalisation des corps à des fins marchandes."

Mais où va-t-il chercher tout ça ?

Il convient d'abord de s'interroger sur ce qu'est la pornographie :

"Pornographie : nom féminin, Représentation de choses obscènes."

Représentation de choses obsènes... tout un programme. Si l'on interroge une française lambda, disons une certaine Melle de Fontenay, la façon de manger du yaourt de Valérie Bègue serait obscène et donc toute représentation de cette façon de manger du yaourt serait de la pornographie. Allez coucher les enfants, je passe ce blog en mode 18+ :

Cette passagère de Costa Croisière s'est retrouvée sur une île déserte
après le naufrage de son paquebot.
Elle a bien réussi à sauver une conserve de yaourt mais elle n'a pas de cuillère.

Cette Sainte lutte, M. Mélanchon la fait au nom de la lutte anti-sexiste. A en croire ce saint-homme, la pornographie serait sexiste...

euh... Comment dire ?

D'accord, je ne nie pas qu'à une certaine période de leur vie, beaucoup de garçon se complaise à regarder ce genre de forme d'expression afin de prendre un plaisir solitaire enfermé dans leur chambre remplie de mouchoirs usagés. Comme tant d'autre je fus en partie ce genre de petit branleur (que celui qui ne s'est jamais touché la nouille devant un magazine pour adulte, ou devant un film de Canal+ le 1er samedi du mois me jette la première ostie). Je ne parlerai pas au nom de ces charmantes demoiselles ne sachant pas ce qu'elles y font, mais je jugerai volontier sur l'expérience en tant qu'adulte.

Non la pornographie dans son ensemble n'a rien de sexiste. Ni par son public, ni par ses acteurs. Certaines tendances sont peut-être orientés plus vers un public que vers un autre, mais on ne peut en aucun cas faire un amalgame douteux entre la lutte pour l'égal respect de l'Homme et de la Femme.

De nombreux couples intègrent la pornographie dans leur jeux sexuels, parfois en tant que voyeuristes (regarder un film à caractère pornographique est une sorte de voyeurisme) parfois en tant qu'exhibitionnistes (les fameuses 'sextape' qui 'fuitent', les sextos avec photos...). Nier cette dimension pour enfermer la pornographie dans un modèle sexiste, c'est avoir un propre problème avec ce moyen d'expression de l'erotisme le plus brut.

Quand aux producteurs de contenus, qu'ils soient des acteurs, des réalisateurs, ou producteurs, là encore le sexisme n'est qu'un mythe. Si on peut trouver certaines femmes qui veulent devenir "pornstar" on trouve surtout beaucoup de femmes parmis les réalisatrices de films X qui t sont entré dans ce milieux au nom du féminisme pro-sexe (pour le coup l'idée que la pornographie est sexiste devient totalement saugrenue). Dernièrement, même la femme de notre plus grand intellectuel auto proclamé s'y est mise le temps d'un court métrage classé X.

Au delà de ce problème de lutte contre le sexisme de personnes ne s'assumant pas et ayant un fort complexe avec leur propre sexualité, la lutte contre la pornographie pose un problème encore plus grave.

L'Histoire nous apprend, que ce genre de lutte est perdue d'avance et qu'elle permet, au contraire l'expension de certaines mafias. Ainsi la période de la prohibition de l'alcool aux USA dans les années 20 à permis à la mafia de devenir l'un des plus grosse puissance des Etats-Unis de l'époque.

Plus près de nous, c'est en Russie, qu'est apparue une loi de ce type dans les années 2000. D'après le témoignage d'un individu fréquentant le milieu des mafias de la pédo-pornographie (Confession d'un pédophile, l'impossible filtrage du Net, Ed. InLibroVeritas), c'est à ce type de loi que l'on doit la mafia de ka distribution de contenu pédopornographique des réseaux de l'Est, l'une des cyber-mafia les mieux organisée du monde.

"Ce cadre, c’est la Russie. L’ancien empire soviétique a gardé de son héritage communiste bien des choses, mais l’une en particulier a permis à la pédopornographie de devenir l’industrie des contenus la plus innovante de la planète : l’interdiction de la pornographie. La pornographie classique, dont le porte-drapeau français, Marc Dorcel, est un exemple parfait. Celle qui, en France a fait le succès - avec le foot - de Canal+, et qui est tolérée et parfaitement légale chez nous. Cette pornographie là, en Russie, est illégale. 

La pornographie, tous les experts du marketing en ligne vous le diront, est l’une des industries les plus innovantes qui soit sur internet. Elle a inventé l’affiliation, le curatoring de contenus fait par ses utilisateurs, redéployé sa production de contenu pour s’adapter au concept de « long tail », été parmi les pionniers des contenus payants, du partage de revenus, du marketing viral, et même de l’utilisation des réseaux P2P pour faire la promotion de ses sites commerciaux, rabattant les « pirates » vers une offre plus claire, plus rapide, plus complète, mais payante. 

Un peu partout, dans toutes les zones linguistiques de la planète, on trouve de gigantesques forums dédiés à son marketing, où tous les spécialistes échangent leur savoir faire, leurs innovations, et proposent leurs services. C’est là que se met au point une bonne partie de ce qui sera, demain, le marketing utilisé par de nombreuses grandes marques, qui ignoreront pour la plupart l’origine des idées proposées par leurs agences (ces dernières l’ignorant elles aussi la plupart du temps). 

Les plus gros forums sont anglophones, mais la Russie, avec ses dizaines de millions d’internautes, n’est pas en reste. Sauf que là-bas, c’est illégal. Ce n’est pas un problème majeur, on ne trouve pas sur ces forums de pornographie à proprement parler, on y discute marketing et technologie, rien de véritablement illégal, tout du moins rien qui ne soit bien visible. Qui plus est, il suffira d’héberger le forum en Ukraine pour être parfaitement à l’abri. 

"En 2000, un forum russe du nom de Darkmaster (darkmaster.com puis darkmaster.info) regroupait toute la communauté du business de la pornographie en ligne russe. Une véritable place de marché où chacun pouvait offrir ses services.

Au fil du temps, le forum attira également tous les talents impliqués dans le business sur internet au sens large – la pornographie étant connue pour développer les stratégies marketing les plus pointues. Peu importe le type de business dans lequel vous étiez impliqué, tout le monde était le bienvenu. 

La pornographie étant illégale en Russie et dans beaucoup de pays de l’Est, la distinction au sein du groupe entre ce qui est légèrement illégal et ce qui l’est plus n’avait pas d’importance. 

De la pornographie classique à la zoophilie en passant par la pédophilie, tout était vendu et markété sur cette plateforme. Tout le monde proposait ses services : photographes, webmasters, développeurs, designers, et bien sûr, les sociétés qui embauchaient."

Ce bouillon de culture, du fait de l’illégalité de la pornographie en Russie, avait fini par accueillir tout et n’importe quoi, ou plutôt n’importe qui, ses participants étant, quoi qu’il en soit, dans l’illégalité. Cet assemblage à l’éthique élastique n’allait pas tarder à exploser : les pornographes, eux aussi, ont des problèmes de conscience avec la maltraitance enfantine, et les pédophiles ont fini par se faire expulser. 

"Un groupe connu sous le nom de Lolita webmaster fut exclu par la communauté de la pornographie adulte, suite à de nombreux conflits, et prit son autonomie."

Mais l’assemblage de talents, nombreux sur le forum d’origine, était fait, les réseaux constitués, et les autonomistes pédophiles se retrouvèrent avec tout ce qui leur était nécessaire pour repenser en profondeur leur modèle de distribution, et faire face à leur
plus grand défi : le filtrage d’internet."

Au-dela de s'attaquer à un marché innovant dont on estime le chiffre d'affaire en France à 200 Millions d'euros, l'autre risque de l'application d'une telle loi est ben sûr une atteinte à la liberté d'expression, et surtout de liberté d'expression sur Internet.

D'une part la pornographie, sans être un art, est un moyen d'exprimer et partager certains de ses fantasmes sexuels. Mais d'autre part, la banalisation de la pornographie s'est surtout fait grâce à Internet. Si avant, pour avoir accès à du contenu pornographique il fallait acheter un magazine en kiosque ou dans les magasins spécialisés, où attendre le 1er samedi du mois devant Canal+, aujourd'hui il est aisé de trouver des sites proposant quotidiennement de grande quantité de contenus classés X. Si jamais la pornographie devait devenir illégale en France, ce sont tous ces sites qu'il faudrait bloquer, en portant atteinte, de manière évidente à la neutralité du réseau. Mais puisqu'il l'ont bien fait en Chine !!!

Attention Jean-Luc, à force de vouloir faire la révolution à gauche de la gauche, tu risque vite de te retrouver près de l'extrême droite dans l'idéologie populiste la plus navrante, Camarade !